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Duyên Anh: Bài Viết Bằng Ngoại Ngữ

09 Tháng Bảy 200912:00 SA(Xem: 5153)
Duyên Anh: Bài Viết Bằng Ngoại Ngữ
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Le Vietnam au miroir brisé d'une vie


 ::: Ghislain Ripault :::


Après trois romans traduits, dont une importante fresque en deux volumes, un quatrième en cours de traduction, une adaption cinématographique, Duyên Anh reste un écrivain à découvrirde toute urgence- depuis dix ans. Comprenne qui voudra.

Il n'est pire cliché que celui qui a le grain dur: dire, par exemple, que le destin d'un homme symbolise, de facon tragique, celui de son pays. On voudrait qu'il en soit autrement et pour toujours. J'aurais préféré ne jamais rencontrer Duyên Anh. Je ne me serais privé d'une connaissance émue et circonstanciée d'une région du monde où la France n'a pas brillé par sa présence, mais celui qui est devenu un ami aurait continué a couler des jours plus heureux d'écrivain prisé par la jeunesse du Vietnam, et pas seulement dans le Sud où ce Nordiste vivait depuis vingt ans lorsque les bô dôi (1) entrèrent dans Saigon le 30 avril 1975, mettant fin à quatre-vingts ans de colonisation francaise et trente ans de guerre fraticide. Les aurores radieuses ne se sont malheureusement pas levées depuis ceci est un nouvel avatar dont est coutumier le pays du Dragon.

De son vrai nom Vu Mong Long, Duyên Anh est né en 1935 à Thai Binh, petit chef-lieu de province du delta du fleuve Rouge. Il a grandi au sein d'une famille pauvre de lettrés mais a dû quitter trop tôt le lycée d'Hanoi. "Si les Francais sont demeurés longtemps dans mon pays, dit-il, il y a un grand écart entre ce fait historique et moi-même. Enfant, je ne suis pas allé a l'école francaise. En mars 1945, les Japonais ont remplacé les Francais. Ils ont très vite capitulé mais en ayant le temps de perpétrer un crime impardonnable: des centaines de milliers de mes compatriotes sont morts de faim en trois mois. Puis les Francais sont revenus. Nous avons dû les combattre et c'est leur mauvais jour que j'ai connu petit, ils détruisaient, brûlaient, massacraient. Une guerre inutile qui faisait tache sur la valeur de la résistance aux nazis. Les Francais ont dû eux aussi s'incliner. Une nouvelle page s'est ouverte avec la période américaine. La plus sale des guerres, trahissant l'esprit de la Fayette..."Ces années de l'éducation abrupte, Duyên Anh les raconte dans un gros roman intitulé tout simplement Les Enfants de Thai Binh (2). La guerre d'Indochine vue et vécue par une poignée de copains qui évolueront au cruel gré des événements, et relatée par un Vietnamien, voilà qui aurait dû alerter sinon intéresser: il n'existe pas de roman semblable en France. Mais, refrain usé, on préfère les auteurs de format hexagonal et les relents, nonlens volens, de nostalgie ou d'exotisme si souvent faisandés (3).

Après la partition du pays en 1954 (accords de Genève), le jeune Vu migre au Sud, comme un million des siens, plus par goût de l'aventure quant à lui. Il est tour à tour gardien de vélos, homme-sandwich pour cirque, précepteur, prof de guitare, puis rédacteur au ministère de la Jeunesse. Cet autodidacte publie une première nouvelle en 1960, "Fleur Thiên Ly" (4). Dès lors, il ne cessera d'écrire, auteur prolifique (50 titres jusqu'en 1975), tout en travaillant pour des journaux saigonnais ou en dirigant certains, satiriques, tels Con Ong (L'Abeille) ou Nguoi (L'Homme). Peu à peu, il s'impose comme "l'écrivain des jeunes"' faisant des gosses des rues les attachants personnages de ses livres. Romans, essais, nouvelles, poèmes, rien ne lui est étranger, pas même la musique quisqu'il aime composer, tradition fort vietnamienne. Son best-seller, Thang Vu ( Le Gosse Vu ), qui ouvre en francais Les Enfants de Thai Binh, a été réimprimé douze fois. Cette activité multiple et incisive le fera épingler par le pouvoir communiste qui le cataloguera aussitôt : l'un des "dix auteurs les plus dangereux du Vietnam".

Le 8 avril 1976, il est arrêté par les forces de sécurité. Jamais jugé, il va errer de prisons en camps de rééducation jusqu'en septembre 1981 : une liberté toute provisoire due aux efforts conjugués d'Amnesty International et du Pen Club. Tous ses écrits ont été confisqués, ou détruits, ses livres mis à l'index. Dans ma préface à Un Russe à Saigon, j'ai évoqué cette expérience sinistre, des interrogatoires aux confessions obligatoires puis aux tentatives de zombification par le camp, certain situé dans les anciennes zones de bombardements intensifs. Là, les prisonniers défrichaient, sautaient sur les mines, crevaient de faim. La résistance de Duyên Anh, ce seront, en partie, les poèmes qu'il s'acharne a mémoriser : il ne dispose ni de papier ni de crayon - ce qui le fait critiquer quelques aspects du film de Rachid Bouchared (5) ... Libéré, il tâche de les transcrire pour les sauver de l'oubli et les faire sortir du pays ainsi qu'un roman rédigé tant bien que mal à Saigon (lire l'entretien). En avril 1982, sa femme, très éprouvée, et leurs deux enfants sont autorisés a partir ; le troisième, l'ainé, a déjà fui par bateau, chemin périlleux que le père prenda lui-même en mars 1983. Après cinq tentatives infructueuses, il devient l'un des nombrdes nombreux boat-people qui firent un temps la une des médias pour tomber ensuite dans les eaux noires de l'indifférence (des dizaines de milliers sont encore dans des camps dits de réfugiés). Il parvient à Poulo Bidong (Malaisie), où il attend six mois (tout le "loisir" d'y écrire Un Russe à Saigon ...) la possibilité de rejoindre sa famille accueillie en France.

C'est à l'automne 1984 que je le rencontre dans un modeste appartement de banlieue parisienne, l'ayant découvert dans les colonnes d'Index on Censorship (6), magazine qui depuis vingt-cinq ans soutient les créateurs et intellectuels persécutés. Il m'apprend que son oeuvre est systématiquement piratée par des éditeurs exilés profitant du fait que le Vietnam n'a pas signé la convention sur le copyright. Il espère que la traduction, dès 1986, de ses romans le sortira du marasme économique et de l'isolement. Il n'y a pas d'autres auteurs vietnamiens traduits. Je m'apercois qu'une fois encore échapper à l'enfer est suspect et, plus tard, qu'il n'est de bon écrivain vietnamien que dissident, alors en odeur de sainteté auprès des journalistes toujours en avance d'un vieux réflexe conditionné.

Fin 1987, Duyên Anh se rend aux Etats-Unis pour la parution de ses mémoires de prison et débattre avec la communauté des exilés. Mais le 30 avril 1988 (13e anniversaire de la chute de Saigon, rebaptisée Hô Chi Minh-Ville), il est sauvagement attaqué dans une rue d'Orange County, banlieu de Los Angeles, par quatre jeunes Vietnamiens adeptes du karaté. Ce "contrat" non officiellement revendiqué a failli réduire un écrivain au silence. Plongé dans le coma, atteint d'hémiplégie du côté droit, rapatrié sanitaire (je dois ici souligner l'aide de Franca et Pierre Belfond), il reste profondément handicapé et a dû difficilement réapprendre à écrire de la main gauche. Ayant une quinzaine d'ouvrages à son actif depuis qu'il est en exil, et continuant de couvrir d'épais cahiers d'écoliers, on peut considérer que Duyên Anh est à nouveau un miraculé. A tel point qu'il travaille, de mémoire, puisqu'il n'y a plus d'archives, à une anthologie de la poésie vietnamienne des années 1940-50, période qu'il estime la plus remarquable.

Je dois à la chronique hélas dramatique, dût-elle paraitre intensée, d'ajouter que le calvaire familial a connu en cette année 1988 un point culminant : en septembre, un Tupolev 134 de fabrication soviétique en provenance d'Hanoi s'est écrasé près de l'aéroport de Bangkok pour des raisons non éclaircies. 75 morts, parmi lesquels Thiên Huong, "ma fille aimée", et son mari David, d'origine écossaise, au retour d'un voyage de noces. C'était la première fois que l'un des Vu revenait au pays des ancêtres et si quelqu'un pouvait être les yeux et l âme lumineuse du père, c'était bien Thiên Huong, dédicataire d'ailleurs du Russe à Saigon, roman de l'amour maudit entre Vietnamienne anticommuniste ardente et un ingénieure russe trop naïf pour n'être pas broyé.

Il fallut un courage peu ordinaire à Duyên Anh pour renaitre des abimes successifs. C'est ce qui me pousse à m'obstiner, changeant au besoin d'éditeur : faire connaitre l'oeuvre d'un auteur témoin de son temps, et du nôtre, qui a pour la jeunesse de son pays le regard de qui, coûte que coûte, n'a pas renoncé à sa propre vérité.

On le comprendra en lisant les romans parus, on confortera cette impression, je pense, lorsque les éditions du Seuil publieront en 1997 un nouveau livre, l'histoire de ces métis amérasiens, mal aimés en terre natale, mal accuellis souvent dans la patrie des anciens GI, leurs géniteurs. Quoi qu'il en soit, il est temps de découvrir Duyên Anh.

Ghislain Ripault

Notes:

  1. Soldats révolutionnaires

  2. Thai Binh : la paix universelle

  3. Il est des exceptions, comme les romans de Jean Hougron, auteur de mon adolescence don j'ai relu récemment La Nuit indochinoise, ensemble de sept livres réedité en deux volumes substantiels. (Bouquins/Laffont).

  4. Traduite en anglais par James Banerian pour son anthologie présentant dix auteurs vietnamiens, Vietnamese shorts stories, Sphinx Publishing, Arizona, USA, 1986.

  5. Sous le titre "Poussière de vie", ce cinéaste d'origine algérienne a adapté La Colline de Fanta, récit de survie d'enfants voués au camp de rééducation.

  6. Adresse: Lancaster House, 33 Islington Highstreet, London N1 9LH. Depuis, le magazine a mué en format livre mais publie toujours des auteurs remarquables du monde entier.


Bibliographie:

  1. Un Russe à Saigon, traduit par Jean Maïs et Ghislain Ripault, Belfond, 1986

  2. La Colline de Fanta, traduit par Pierre Trân Van Nghiêm et G. Ripault, Belfond, 1989. Réédition Fayard, 1995

  3. Les Enfants de Thai Binh, traduits par les mêmes, tomes 1 et 2, Fayard, 1993, 1994


 

o O o


Entretien Duyên Anh


"Nous avons oublié de rire depuis dix ans."


Entretien réalisé par G. Ripault
à l'occasion de la sortie du film de Rachid Bouchareb, en 1995.


- Dans quelles conditions avez-vous pu écrire La Colline de Fanta?

- Quand j'étais au camp de rééducation Z 30 D, à Ham Tan (Centre Vietnam), des prisonniers de Phuoc Long sont arrivés. Ils nous ont raconté l'origine de la colline de Fanta. Phuoc Long était un archipel de prisons, chacune étant réservée à une catégorie de détenus. Il y avait celle des officiers, celle des fonctionnaires, celle des opposants, celle des prostituées, celle des drogués, et aussi celle des petits pickpockets, des gamins des rues, des orphelins, etc. Cette dernière, évoquée en détail par nos nouveaux compagnons de geôle, m'a le plus ému et m'arraché des larmes. Me sachant écrivain, ils ne m'ont épargné aucun fait, depuis l'arrestation des enfants, jusqu' a leur mort ou leur libération, en espérant qu'une fois dehors, je pourrais écrire cette histoire. Ils voulaient surtout que je n'oublie jamais le nom qu'ils avaient inventé, "La colline de Fanta". Ils m'ont fait promettre que même si je devenais un réfugié, je publierais ce livre sous ce titre. Depuis lors, je n'ai pas cessé d'être hanté par la vision de ces enfants affamés, maltraités, morts dans la solitude, la plupart sans parents et ne pouvant même pas pleurer sur leur passé. Car les enfants sont plus sensibles à la souffrance que les adultes. Lorsqu'on m'a permis de rentrer chez moi en septembre 1981, grâce aux interventions d'Amnesty et du Pen Club international, j'ai tâché de me remettre à écrire. J'ai rédigé un roman puis mon style s'étant amélioré, j'ai commencé la colline de Fanta. Ma femme et mes enfants étaient déjà partis mais le gouvernement vietnamien ne m'autorisait pas à les rejoindre. Le livre terminé, il fallait donc trouver le moyen de l'expédier en France. En 1982, la corruption pourrissait toute l'administration, de haut en bas, et dans toutes les catégories: grâce à l'argent, tout pouvait aller à merveille. Je recourus aux services d'un ami pour dactylographier mon livre puis je détruisis le manuscrit. Je demandai à une amie de lier connaissance avec un employé de la poste. Celui-ci exigeait 500 dôngs, alors qu'il gagnait dans les 50 dôngs par mois. J'ai accepté et j'ai dû diviser mon roman en dix paquets dûment affranchis à l'adresse de ma femme, censés être envoyés par des expéditeurs aux noms fantaisistes. C'est ainsi que le livre parvint en France.

- Que pensez-vous de l'adaptation?

J'ai toujours espéré que le public francais s'intéresserait à La Colline de Fanta, c'est pourquoi je suis heureux que Fayard le republie à l'occasion de la sortie de "Poussière de vie". C'est une bonne chose que ce film existe mais, d'autre part, je pense que rares sont les auteurs qui sont satisfaits de l'adaptation cinématographique de leurs oeuvres. Ils sont encore plus réservés s'il s'agit d'une adaptation dite libre, sinon jugée par eux abusive. Ce qui est fait est fait, rien ne sert de le déplorer, et puis le cinéma, c'est autre chose. Si le film fait lire le roman, chacun jugera.

- Quels sont vos projets?

Aujourd'hui, je n'ai ni ambition, ni projet. Mon seul désir est de continuer à écrire. Ici, en France, on a commencé à traduire des auteurs vietnamiens, mais je suis fier d'avoir été le premier, et d'avoir pu témoigner. Peut-être raconterai-je aussi un jour ce qu'est notre vie ici. Ma femme, mes enfants et moi-même ressentons durement cet exil. Nous avons oublié de rire depuix dix ans, nous rappelant vaguement avoir pleuré.

- Que pensez-vous du rapprochement franco-vietnamien?

Le rapprochement franco-vietnamien est une excellente chose. J'espère pour mon pays un avenir tout simple : que nos campagnes n'offrent plus le spectacle de l'homme attelé à la charrue à la place du buffle. A quoi bon disserter sur la démocracie, la liberté, les droits de l'homme, si on n'a pas de quoi manger et s'habiller correctement?

- Espérez-vous revoir votre pays?

- Je ne reviendrai dans mon pays que pour y mourir, n'importe quand. Mais demander une autorisation pour y revenir et y vivre, ce n'est pas possible. Un exil sans fin, ca vaut encore mieux.

 o O o


Poésie: Duyên Anh Poèmes De Prison


traduits du vietnamien par Pierre Tran Van Nghiêm et Ghislain Ripault


 Le Supplice Le Plus Redouté
J'ai passé deux mille cent quatre-vingt-dix nuits
en prison
Les épaules encores sensibles mais le dos déjà mort
le corps exténué dans la forêt
L'âme épuisée dans le cachot en pierre
Vous saurez définir le mot flétrissure
quand vous serez condamné à la déportation
quand le jour de revoir votre femme et vos enfants
sera repoussé à l'infini
et au déluge le jour de retrouver la liberté

La souffrance
pour moi
n'a pas d'importance
Elle est simple comme le simple bonheur
Pourtant la seule chose que je redoute
c'est que la haine m'habite un jour
contre ceux qui m'ont arrêté et m'ont torturé

A tout prendre ce ne sont que des hommes
attachés à la vie de toutes leurs forces
Pourtant qu'est-ce qui nous sépare d'eux
Est-ce l'homme ou l'inhumaine doctrine
L'homme est un éternel solitaire
Il a soif de se regrouper
de se regrouper toujours plus serré

Sous les neuf étages de la honte et du désespoir
J'aime toujours l'être humain
Sans lui il n'y a plus ni ciel ni terre
Que dirais-je dans mes poèmes
Le poète chante l'amour et non le massacre
Tuez-moi je ne hairai pas

 La Torture

On vous passe une liasse de feuilles vierges
dûment numérotées
Vous pouvez annuler ce que vous aurez écrit
Mais défense de déchirer
Les replis de votre pensée passeront au microscope
Ecrire quoi
Vous accuser
M'accuser de quoi
De votre vie depuis l'âge de dix ans
jusqu'à votre chute dans la nasse

On vous ajoute une liasse de feuilles vierges
dûment numérotées
Ecrire quoi
Votre vie
J'ai écrit
Ecrivez encore
Ecrire quoi
Votre vie depuis l'âge de dix ans
jusqu'à votre chute dans la nasse

On vous passe encore une liasse de feuilles vierges
dûment numérotées
Ecrire quoi
Votre vie
J'ai écrit deux fois
Ecrivez encore
Déclarer quoi
Votre vie depuis l'âge de dix ans
jusqu'à votre chute dans la nasse

Vous devez écrire jour après jour mois après mois
Ecrire jusqu'à l'épuisement jusqu'à l'abrutissement
Jusqu'à perdre conscience
Alors on découvre la vérité
Innocent vous serez condamné

Ami
Cette lettre d'amour combien de fois allez-vous l'écrire
Moi j'ai eu l'honneur d'écrire
quatre cents fois
cette autocritique

Si vous êtes interné dans les prisons de Chi Hoa et de Gia Dinh, par exemple, vous comprendrez très vite que papier et plumes vous sont interdits. Un simple crayon et vous serez enchainé, mis au cachot. Un morceau de papier portant quelques phrases insignifiantes et vous serez classé dans la catégorie des détenus dangereux, on vous contraindra à rédiger votre autocritique pendant des mois et des mois. Je fermais les yeux pour composer les vers, je les ouvrais pour corriger quelques pieds, je m' étendais, la tête posée sur mes bras et j'apprenais ces vers par coeur. Une fois libéré, je me suis empressé de transcrire les poèmes dont je me souvenais encore et je les ai envoyés clandestinement à l' étranger... Quelques confidences de celui qui a écrit des vers en prison (extraits)

 
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